Voyage au Cap Horn, une escale de légende
DOSSIER DU MOIS #Octobre 2019 : Les terres maritimes chiliennes. 55°58’ de latitude Sud et 67°17’ de latitude Ouest. Nous avons les coordonnées ! Cela signifie que nous tenons un cap. Et pas n’importe lequel. Le Cap Horn. Utopie autant que cauchemar des marins du monde entier… Des marins dans l’âme, il en faut pour s’embarquer à l’assaut de cette pointe rocheuse fichée au sud de la Patagonie continentale. Rejoignez le club prisé des bout-du-mondistes – les cap-horniers dans ce cas précis – au terme d’une magnifique croisière-expédition au Cap Horn, passager d’un rêve qui s’ouvre aujourd’hui à tous…
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Un cap historique…
Bien de l’encre a coulé au sujet de ce cap au carrefour des océans. Scientifiques, navigateurs et voyageurs, tous ont pris la plume pour témoigner de leur venue sur la dernière terre des Amériques. Piquée à 425 mètres de haut, l’aiguille rocheuse du Cap Horn domine un caillou de 6 kilomètres de long sur 2 de large : l’île d’Horn. Depuis 400 ans, la légende de cette terre chilienne est fouettée par des vagues iodées qui accompagnent le vol de cormorans et albatros royaux, glissés dans le sillage des plus grands vaisseaux maritimes.
C’est un bateau hollandais, l’Eendracht, qui découvrit le Cap Horn en 1616. Jusqu’à l’ouverture du Canal de Panama, les navires s’aventurant dans ces eaux étaient presque exclusivement des navires marchands. Ils venaient, les cales chargées de céréales, de laine ou d’or, déterminés à franchir ce cap. Un cap craint pour ses conditions climatiques changeantes mais composant une alternative de choix à la traversée du détroit de Magellan ou le passage du Cap de Bonne-Espérance.
Si la région du Cap Horn, aujourd’hui classée Réserve de la Biosphère, est toujours le terrain de jeu des aventuriers solitaires, elle est aussi celui de spécimens d’un genre nouveau : les croisiéristes. Au départ de Punta Arenas au Chili ou d’Ushuaia sur le littoral argentin, embarquez sur un navire confortable pour un voyage au Cap Horn de 5 jours et 4 nuits, promesse d’une découverte qui viendra à son tour s’inscrire dans l’Histoire de ce site mythique.
Tips : La période pour aller au Cap Horn commence fin Septembre et s’achève début Avril.
Un itinéraire au gré des vents
Vers la Baie Ainsworth et les îlots Tuckers
Les lumières du port brumeux de Punta Arenas s’éteignent à l’horizon ; la rumeur de la ville se laissant rapidement emportée par les flots. Au réveil, le navire joue les Petit Poucet des mers, remontant les blocs de glace jusqu’à la Baie Ainsworth, au cœur du Parc national Alberto de Agostini. Le soleil lèche les contours bleutés du glacier Marinelli, exquis sorbet flottant. Une gourmandise pour les yeux. La première de ce voyage au Cap Horn. Déjà, les canots ont été mis à l’eau.
Le + de cette croisière : la présence de guides experts francophones
Une luxuriante forêt subpolaire de mousse et de lichen a grignoté les rivages de ce fjord où des portées de castors ont établi leurs barrages. Il faut alors s’extirper de ces tourbières enchantées, regagner votre embarcation et raccrocher les gilets de sauvetage pour quelques heures. Un déjeuner mérité. Pas le temps pour la sieste en revanche. Les îlots Tuckers sont en vue. Leurs habitants vous accordent un droit de passage. Ces habitants, ce sont les manchots de Magellan, ces sentinelles du bout du monde…
Du glacier Pia à l’Avenue des Glaciers
Dans l’imaginaire du Cap Horn, les monstres n’appartiennent pas au fond des mers. Ce sont des créatures dont les entrailles de glace craquent au vent et dont les cris rauques déchirent le silence comme l’orage. Des êtres singuliers les glaciers… Aussi forts que fragiles. Inquiétants qu’émouvants. Voyageurs mordus de ces panoramas venus d’ailleurs, contemplez le glacier Pia et ses 1,3 kilomètres de large. Mettez-vous à sa hauteur en grimpant au sommet d’un sublime mirador.
Dans l’étroit Canal de Beagle, les glaciers de la Cordillère de Darwin forment une avenue royale vers le but de votre croisière : le Cap Horn. Ne quittez pas votre poste à la fenêtre du navire, il se murmure que l’on croise des baleines en ces eaux. Des convois plus qu’exceptionnels. Les glaciers se nomment : Suisse, France, Italie ou encore Hollande. Un hommage à toutes les nationalités passées par ici et qui se traduit également par le repas multi-ethnique servi ce soir à bord.
Pour votre plaisir : profitez à bord du navire d’une formule all inclusive
Le grand jour : la Baie de Wulaia et le Cap Horn
Sur la côte Ouest de l’île Navarino, la Baie de Wulaia a des airs de terre promise. Un jardin d’Eden aux belles forêts de lengas – hêtres de la Terre de Feu. Marchez dans les pas de Charles Darwin. Le célèbre naturaliste accosta sur ces rivages en 1833, à bord HMS Beagle. Vous êtes sur les anciennes terres du peuple amérindien Yamanas. Plusieurs sentiers de difficulté différente permettent de s’imprégner de ce site. En regardant l’horizon, l’esprit est en ébullition. L’étape suivante : le Cap Horn. Le ciel sera-t-il suffisamment clément pour accoster. Dans 70 % des cas, oui !
Vous êtes passionné par les cultures ancestrales chiliennes ? Découvrez notre article sur l’île de Chiloé.
Que faire au Cap Horn ?
Il est le sommet de ce voyage. Vu de la mer, là où les vagues du Pacifique heurtent celles de l’Atlantique, le Cap Horn est plus impressionnant que jamais avec sa fine pellicule verte s’accrochant, contre vent et marées, à sa pointe rocheuse. La corne de brume du commandant résonne…
- Le débarquement
Tout en contrebas de l’île, les regards convergent vers une petite plage de galets enclavée par les hautes falaises. Au Cap Horn, c’est le lieu où les vents sont les moins puissants. Là où, les jours de beau temps, les canots peuvent accoster des passagers oscillant entre impatience, fascination et rêve éveillé… Un sentier d’une centaine de marches est maintenu en état par les marins chiliens afin de permettre aux cap-horniers d’un jour de rejoindre la partie haute de l’île. Que l’aventure commence !
2) Le Monument de l’Albatros
« Je suis l’albatros qui t’attend au bout du monde. Je suis l’âme oubliée des marins morts qui traversèrent le Cap Horn depuis toutes les mers de la Terre. Mais ils ne sont pas morts sur les vagues furieuses, ils volent aujourd’hui sur mes ailes, vers l’éternité, dans la dernière crevasse des vents antarctiques ».
Signés par la poétesse chilienne Sara Vial, ces vers sont gravés sur un mémorial. Un monument érigé en 1992 par la Confrérie des Capitaines du Cap Horn en hommage aux naufragés.
3) Le phare et la chapelle Stella Maris
Inhabitée l’île du Cap Horn ? Pas complétement. Outre de nombreux cormorans et manchots papous, faites la rencontre du gardien des lieux. L’île abrite en effet une base de la marine chilienne occupée par un officier présent au cap avec sa famille. Ses fonctions consistent en divers relevés météorologiques et une surveillance de cette île, classée pour sa biodiversité. Tous habitent un phare d’où profiter d’une vue à couper le souffle sur les eaux. Très croyants, les chiliens ont également fait construire une église sur l’île : la chapelle Stella Maris. La foi du bout du monde…