Sanctuaire Izumo-Taisha : balade avec notre experte Camille
DOSSIER DU MOIS #Janvier 2025 : Les cartes secrètes du Japon. Suivez le lapin blanc… Pas celui d’Alice mais celui d’Inaba. Celui qui donna sa bénédiction à Okunninushi-no-Mikoto, futur grand kami – divinité – du panthéon shinto aux côtés d’Amateratsu, déesse du soleil et Susanoo, dieu des tempêtes. Dans le sanctuaire d’Izumo-Taisha, ce guide à quatre pattes se fait ludique, recueilli, amusant ou resplendissant. Petit ambassadeur fantomatique bondit du haiden, bâtiment de culte situé avant le sanctuaire principal, aux kaguraden, pavillon des danses. Notre experte Camille, passionnée par le Japon véritable, l’a suivi pour vous à travers temps et torii. Elle nous partage aujourd’hui ses conseils pour marcher dans ses pas et apprécier à sa juste valeur ce trésor national de la préfecture de Shimane. Serait-ce l’étape pépite inattendue de votre prochain périple nippon sur mesure ?
Pourquoi visiter le temple d’Izumo-Taisha ? Architecture taisha-zukuri, son shimenawa, une pure essence japonaise
Le temple Izumo-Taisha est dédié à Ōkuninushi-no-Mikoto, le dieu des rencontres et relations humaines, des mariages et de la prospérité. Il est une exception tout à fait particulière sur l’île de Honshu. En effet, la région de la mer intérieure fut épargnée par les vagues culturelles successives connues par le reste du Japon. On ne retrouve ici aucune trace du rouge si commun aux temples habituels, hérité des influences chinoises. Ainsi, le sanctuaire conserve une architecture taisha-zukuri profondément authentique et représentative de ce patrimoine de l’ère Edo. L’on retrouve mention de son nom dans les plus anciennes chroniques documentées à ce jour, soit datant du VIIIe siècle. Pourquoi visiter le Izumo-Taisha ? Pour son monumental shimenawa. Cette corde sacrée en paille de riz délimite l’espace sacré et pur du sanctuaire. Elle mesure 13,6 mètres de long et pèse 5,2 tonnes. Une œuvre saisissante !
Le mot de Camille : Je ne peux que recommander de visiter ce sanctuaire si votre chemin passe par cette région confidentielle. C’est un vrai lieu de vie et de culte pour la communauté japonaise locale. Très peu de voyageurs passent par ici, vous y croiserez peut-être quelques regards étonnés, mais surtout des moments précieux et réels de la vie des Japonais. Pour ma part, j’ai eu la chance d’assister à la cérémonie des enfants. Une tradition où les enfants de 3, 5 et 7 ans se rendent au temple avec leurs familles pour faire reconnaître par les officiants qu’ils ont appris à nouer convenablement le kimono. J’étais entourée de familles, les enfants s’amusaient, m’offraient des ballons, c’était un pur instant de joie partagée qui me reste comme l’un de mes plus beaux souvenirs du Japon.
Comment visiter ce monument de la religion shinto au Japon ?
Pour la part technique de votre voyage, pas d’inquiétude, la méconnue province d’Izumo est très facilement accessible. Traverser le Japon en train est la façon la plus naturelle d’explorer cet archipel extraordinaire. Depuis Kyoto, rejoignez la gare d’Izumo en à peine 4h, l’occasion de faire l’expérience des célèbres shinkansen, les trains à grande vitesse. De là, vous pouvez choisir de rejoindre l’adresse sélectionnée pour vous par votre expert Amplitudes ou bien de partir immédiatement pour le Izumo-Taisha à bord d’un bus. Il vous dépose au pied d’une montagne couverte d’une dense forêt. Là, vous rencontrez votre guide privé francophone, prêt à vous accompagner du premier torii franchi d’une révérence aux lanternes des kaguraden. Le nombre d’entrées est limité dans ce sanctuaire afin d’en préserver autant l’environnement que la quiétude. Pas de foule, le silence, la paix du Japon vrai.
Le mot de Camille : Je conseille de découvrir Izumo-Taisha au lever du soleil. La brume s’élevant de la montagne ajoute une part mystique à l’aura spirituelle des lieux. La montée jusqu’au temple n’est pas une randonnée très exigeante, mais elle donne un vrai sentiment de pèlerinage. Arrivés au sanctuaire, on se purifie les mains et la bouche, puis une tablette de prière nous est donnée. On y inscrit notre demande aux kamis et on la garde avec soi tout au long des rituels. Une prière shintoïste suit une chorégraphie simple. Debout devant le haiden, jetez une pièce dans les urnes de dons, inclinez-vous deux fois, frappez des mains quatre fois, faites votre prière puis inclinez-vous une dernière fois. Enfin, accrochez votre tablette à l’arbre sacré. Vous confiez ainsi l’énergie de ce souhait aux esprits qui pourront l’exaucer. Un rare moment de pleine conscience.
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Où dormir autour de l’Izumo-Taisha ? Les recommandations de notre experte française
Plusieurs possibilités s’ouvrent à vous dans ce séjour hors des sentiers battus du Japon. La ville d’Izumo – ou Izumoshi – bien sûr vous réserve quelques adresses magnifiques. Notre coup de cœur, pour une expérience authentique, sont les ryokans. Ce sont des chambres d’hôtes japonaises traditionnelles. On y porte le yukata de coton, on dort et dîne sur des tatamis, la lumière filtre à travers les portes en papier de riz. C’est un vrai pas de côté dans votre itinéraire. Dans la ville voisine de Matsue, la Venise du Japon, quelques ryokans de luxe ont éclos si vous souhaitez vivre l’expérience d’une parenthèse nippone 5*. Notre pépite de la région est le Kai Izumo by Hoshino Resorts. Onsen privés, minimalisme étudié, menus kaiseki ciselés, cette adresse est à l’équilibre parfait entre héritage, confort et élégance.
Le mot de Camille : Rien n’est dénaturé, tout est préservé. Les maisons sont simples et les vues magnifiques. Le luxe ici est le décor, la qualité de la gastronomie nippone, un voyage en soi. Les intérieurs se font sobres pour laisser la beauté entrer de l’extérieur. Visiter la région d’Izumo, c’est rechercher la déconnexion, le retour dans le passé, à contre-courant des grandes étapes traditionnelles. Après avoir visité l’un des sanctuaires shinto les plus sacrés du Japon, l’épure permet de laisser infuser les images de la journée. Les allées de pins, les statues du lapin blanc, les grands torii, l’expression sereine des fidèles en prière… Ces adresses permettent aussi de découvrir simplement ces petites villes où tout est à quelques minutes à pied. L’artisanat y est riche, une occasion parfaite de découvrir la mythologie japonaise à travers de ravissants objets faits mains à rapporter en souvenir.
Quand visiter l’Izumo-Taisha ? Kami Ari Sai, le matsuri – festival – des esprits
Le Kami Ari Sai se déroule chaque année du 11 au 17 du dixième mois lunaire, généralement en novembre. Cette période marque le grand rassemblement des divinités shinto venues de tout le Japon pour décider du destin des humains. La cérémonie débute sur la plage d’Inasa par le Kamimukaesai, un rituel nocturne où les prêtres accueillent les divinités à la lueur des braseros. Elles sont ensuite escortées jusqu’au sanctuaire pour siéger dans les jukusha, deux longues structures en bois spécialement conçues pour le séjour des dieux. Durant ces sept jours sacrés, la région observe une atmosphère particulièrement solennelle. Les habitants évitent la musique forte et les danses par respect pour les délibérations divines concernant les mariages et les récoltes de l’année à venir. La forêt s’habille de son manteau rougeoyant, la montagne vibre d’une énergie plus saisissante encore. Une parenthèse unique dans la spiritualité nippone.
Le mot de Camille : Pour moi, prendre la direction d’Izumo-Taisha a du sens après une grande étape citadine. Les incontournables d’Honshu comme Tokyo, Kyoto ou Osaka sont palpitantes, mais vite fatigantes également. La préfecture de Shimane offre ce pas de côté rural, reposant et peut-être plus immersif encore, loin des foules. Une échappée nature au Japon, ça ne s’improvise pas. Les gemmes comme celle-ci restent sous les radars, il faut une vraie connaissance du pays pour vous y conduire. Beaucoup rêvent du Japon, mais vous le faire découvrir réellement, par-delà la vitrine, le premier éblouissement est à la fois notre objectif et notre plaisir. Alors, après avoir parcouru les grandes avenues et petites venelles des capitales, un onsen niché à l’orée d’une forêt, des soba froides et une soirée de calme sont les bienvenues.
