Rencontre avec Marc, un voyageur qui a découvert l’univers des croisières il y a cinq ans de cela. Délaissant les eaux de la Méditerranée, il a cette année embarqué avec notre agence La Croisière pour un voyage en mer dans les Iles Arctiques, à bord d’un navire d’expédition polaire. Un grand récit entre les ours du Spitzberg et les glaciers du Groenland.
Type de voyageurs : allie une qualité de prestations à une recherche d’authenticité.
Signe particulier : l’humain avant tout. J’aime rencontrer les gens.
Voyage idéal : un mélange d’aventure, de partage et de fête.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire cette croisière Spitzberg / Groenland ?
Les images, celles vues dans les médias bien sûr mais aussi celles de souvenirs liés à des paysages de montagne. Il y a 10 ans, je me rappelle être monté en téléphérique à l’Aiguille du Midi, à Chamonix. C’était l’été mais il avait neigé la veille. Les pics vertigineux et les parois noires étaient mouchetés par ces petits flocons… C’était grandiose ! Aujourd’hui, je préfère les destinations froides et toute la blancheur de l’Arctique m’attirait, un besoin de pureté peut-être et d’aventure sûrement.
Pouvez-vous nous raconter ce fantastique périple de 13 jours ?
Une première nuit à bord est toujours mémorable. Nous venions de quitter la ville de Longyearbyen, dans le Nord de la Norvège. Le soleil ne s’est pas couché, moi non plus ! À 3h du matin, j’étais seul sur le pont du bateau… Je ne pouvais pas m’arrêter de prendre des photos, insensible à toute fatigue. L’île norvégienne du Spitzberg est vraiment un très beau petit coin, la terre des ours. Nous y avons passé plusieurs jours avant de monter vers le Groenland, une terre qui m’a sincèrement marqué. Au Spitzberg, les icebergs étaient déjà captivants mais c’est au Groenland que se trouvent les plus gros glaciers, des immeubles de glace.
Il y a une formidable dualité entre le silence et la surface de lisse de la banquise et les craquements et les aspérités des icebergs. Nous avons pu faire des sorties en zodiacs presque chaque jour. Lors d’une excursion, il régnait un silence incroyable. Tous les passagers l’ont ressenti. Le guide a alors coupé le moteur pour que nous profitions de ce calme… De beaux moments. Quant à l’Islande, nous y avons passé une nuit et un jour. Je n’ai pas pu faire les sources chaudes mais en revanche un tour en bus à la fameuse faille de Thingvellir.
Qu’est-ce qui vous a surpris dans ces paysages arctiques ?
Les veines bleues d’un mètre de large striant les icebergs alvéolés. Ce bleu profond, tout en nuances, de la glace m’a vraiment interpellé. Au Spitzberg, il y avait également un superbe glacier tabulaire. Le soleil avait dû en faire fondre la surface car des chutes d’eau se déversaient à notre hauteur. Nous avons aussi eu la chance de voir un iceberg qui bougeait. Dans sa vie, l’iceberg n’arrête pas de tourner ce qui permet d’observer les différentes strates de fonte qu’il a connu. Dans notre cas, l’iceberg roulait, il n’a pas fait un upside down mais il se balançait fort.
Quels souvenirs vous reste-t-il de cette expédition ?
Le plongeon dans l’eau à 1.4 degré ! Sur 130 passagers, nous sommes une quinzaine à avoir tenté l’expérience. On reste d’abord quelques minutes sur la plateforme pour se refroidir avant que l’eau ne nous prenne, nous saisisse… On dirait qu’un million d’épingles nous transpercent la peau. L’un des passagers a réussi à nager un peu mais, pour ma part, je suis ressorti tout de suite ! Nous sommes 5-6 a l’avoir refait sur une petite île, l’effet fut tout aussi saisissant.
Il y a aussi cette nuit où nous étions quelques-uns dans la cabine de pilotage. Le but était de remonter le fjord au maximum sachant que le navire devait par la suite pouvoir faire demi-tour. La densité des icebergs commençait à devenir importante et entre ces montagnes de 50 m de haut, le bateau nous paraissait soudain bien petit. Les icebergs se rapprochaient, nous étions tous muets. Le capitaine a alors décidé d’enclencher la manœuvre pour faire pivoter le navire. Ces vaisseaux ne pouvant opérer de marche arrière, il leur faut de l’espace pour tourner sur eux-mêmes. Il y avait un sentiment d’aventure car on sait que les icebergs peuvent bouger et qu’ils possèdent toute une partie immergée. Les navires ont aujourd’hui des outils de détection très performants. De plus, notre capitaine avait de la bouteille, il connaissait très bien les eaux et le bateau.
Dans un esprit beaucoup plus serein, nous avons également partagé un barbecue à l’arrière du bateau. Le soleil rasant illuminait les parois étroites du fjord et projetait son halo doré sur la glace et les flots d’encre…
Quels animaux avez-vous rencontrés ?
Nous avons eu la chance d’en voir beaucoup. Je me souviens tout particulièrement d’un groupe de trois-quatre baleines bleues, croisé dans une lumière mordorée sur les coups de 2h du matin. Magique ! Nous avons aussi aperçu des phoques, des morses, des sternes, ces beaux oiseaux fins, et pas moins de 7 ours dont certains en train de nager ou de courir. Une sortie a d’ailleurs été interrompue car un ours arrivait vers nous. Ce sont des animaux très curieux. Je peux vous dire que nous sommes très vite remontés à bord ! Le facteur risque existe, tous les guides étaient équipés d’un fusil au cas où.
Comment s’est passée la vie à bord de l’Ocean Adventurer ?
Il s’agissait d’une expédition, par conséquent certaines excursions pouvaient intervenir dès 6h30 du matin. Chacun était libre d’y participer ou non. Le programme varie en fonction de la météo et tout simplement de la vie sauvage. Sur le bateau, il y avait également des débriefings et des conférences, une prestation intéressante d’autant que les intervenants étaient à la fois compétents et sympathiques. Cela permettait d’en apprendre plus sur notre environnement : les animaux rencontrés, la glaciologie, la géologie, l’ornithologie… Quant aux passagers, nous étions 150 seulement. Nous venions de tous horizons, j’étais d’ailleurs le seul français. C’était très enrichissant. Nous partagions une sensibilité commune pour ces paysages.
À qui conseillerez-vous ce voyage ?
Ce voyage ne s’adresse pas à tout le monde. Il faut être intéressé et réceptif à la nature et aux animaux.
Quel sera votre prochain périple ?
L’Antarctique à la retraite, la promesse de paysages forts. Et un voyage autour des baleines, sur un navire encore plus petit que l’Ocean Adventurer.