DOSSIER DU MOIS #Août 2023 : Kyoto, impériale de beauté. C’est face à Pontocho et au centre moderne de la ville, sur la rive est de la rivière Kamo-gawa, que se ressent l’âme profonde de Kyoto. Il faut dire que les emblématiques Gion et Higashiyama sont sans conteste parmi les deux quartiers historiques les mieux préservés de tout le pays. Incontournables de tout premier voyage à Kyoto, Gion et Higashiyama sont la promesse d’une plongée enivrante dans la période Edo et en appellent directement à l’image quasi mystérieuse que l’on se fait du Japon des siècles derniers. Autant vous le dire tout de suite, ces deux quartiers, quasiment indissociables, sont nos coups de cœur… Et gageons qu’ils deviendront rapidement les vôtres. En attendant, voici un petit tour d’horizon de nos lieux et adresses préférés.
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Gion, au pays des geishas
Gion, coincé entre le sanctuaire Yasaka-jinja et la rivière Kamo, est le cœur historique de Kyoto… Une immersion dans l’univers fascinant des geishas. On les croise, avec un peu de chance, à la tombée de la nuit lorsqu’elles traversent ces ruelles au charme d’antan pour se rendre sur leur lieu de représentation. Ici, pas de buildings mais des maisons traditionnelles en bois, les machiya, qui accueillent aujourd’hui boutiques, restaurants, salons de thé et ryokans. Bien que touristique, Gion ne peut laisser indifférent. Si le quartier se visite à pied, le nez au vent, voici quelques points de repères :
La rue Shijo
C’est l’artère principale qui traverse le quartier et mène au sanctuaire Yakasa-jinja. Elle sert aisément de point de repère. Ne rentrez pas du Japon sans ramener (ou du moins sans avoir goûter) du thé matcha, une véritable institution. Deux adresses, à quelques mètres l’une de l’autre sur l’avenue Shijo, ont particulièrement retenu notre attention : Gion Tsujiri. On y vend des produits d’excellentes qualités depuis 1860.
La rue Hanamikoji-dori
Voici l’une des rues les plus emblématiques de Gion. Perpendiculaire à la rue Shijo, elle court sur près d’1 km entre le temple Kennin-ji et la gare de Sanko Keihan. Si dans sa partie nord, elle est l’archétype de la rue japonaise moderne, sa partie sud (en allant vers Kennin-ji) offre une belle promenade pavée au cœur d’une architecture traditionnelle. On y trouve de nombreuses boutiques typiques, des restaurants et des salons de thés.
Conseil d’expert : C’est par ici, au crépuscule, que l’on a le plus de chance de croiser des geishas (appelées maikos à Kyoto) lorsqu’elles quittent leur okiya et rejoignent une maison de thé, ochaya, pour effectuer une représentation. Si l’envie est grande de les prendre en photo, soyez discret et respectueux.
Gion, le long du canal Shirakawa
200 m de pure beauté entre les petits ponts Yamato-bashi et Gion Shin Bridge, le long du canal Shirakawa. Particulièrement populaire à la floraison printanière des cerisiers, cette balade est un enchantement tout au long de l’année. Ici, les maisons traditionnelles donnent directement sur le petit cours d’eau. Les saules, quant à eux, amènent une ombre salvatrice, les jours de grosse chaleur. L’endroit idéal pour pousser les portes d’une maison de thé.
L’adresse à ne pas manquer : Kyoto Gion Mikaku – Le long du canal Shirakawa, dans un cadre magnifique, ce restaurant familial de tepannyaki (cuisson sur plaque chauffante) sert une viande à tomber ! Les cuissons sont, bien évidemment, maîtrisées à la perfection. Les accompagnements sont divins. Une expérience incroyable.
La rue Shinbashi-dori
Depuis le très joli pont Gion Shin, mettez le cap à l’ouest en empruntant le superbe rue Shinbashi-dori. Souvent moins fréquentée qu’Hanamikoji-dori, elle n’en reste pas moins splendide. C’est sans conteste l’une des plus belles ruelles de tout l’archipel nippon…
Le sanctuaire Yasaka-jinja
Kyoto, la ville au 1 001 temples, regorge de sites spirituels. Le sanctuaire Yasaka-jinja, au bout de l’avenue Shijo, est l’un des plus connus de toute la ville. Fondé en 876, il est dédié à Susanô, dieu des océans. Les locaux considèrent le sanctuaire comme le protecteur du quartier et l’appellent, par conséquent, Gion-san.
Conseil d’expert : Revenez à la nuit tombée, lorsque les lanternes s’allument et offrent un spectacle magique.
Goûter au kaiseki ryori dans le quartier de Gion
Le kaiseki ryori est l’art de la gastronomie et du raffinement esthétique porté à son paroxysme. Extrêmement fin et varié, c’est une véritable composition de formes, de textures et de couleurs. Un repas kaiseki est traditionnellement composé d’une succession de petits plats, tous différents en termes d’ingrédients, de cuisson et de présentation. Si traditionnellement le kaiseki se base sur le régime bouddhiste, et donc végétarien, il s’accommode de nos jours de poisson, de viande, de tofu et de différents bouillons. Et c’est à Kyoto que le kaiseki prend ses lettres de noblesse.
Notre adresse coup de cœur ? Gion Karyo. Ce restaurant, très chaleureux, est spécialisé dans la cuisine kaiseki. Le restaurant Gion Karyo, à l’aide de son menu en anglais, vous propose une immersion tout en douceur dans cet univers codifié. Une expérience à ne surtout pas manquer.
Le parc Maruyama
Situé derrière le sanctuaire Yasaka-jinja, le parc Maruyama est un havre de paix, loin du tumulte de la ville. On se balade parmi les étangs, les jardins et une végétation bucolique. C’est au printemps, lorsque les cerisiers fleurissent que la beauté du parc prend toute son ampleur. On y vient également pour admirer un spécimen rare, le shidarezakura, un cerisier flirtant avec un saule pleureur.
Le temple Chion-in
Sur les hauteurs du quartier se trouve le monumental temple Chion-in, l’un des lieux les plus sacrés du pays. Il abrite d’ailleurs les reliques de Hônen, le moine fondateur de la secte Jodo. S’il date de 1234, il fut détruit plusieurs fois avant de trouver sa version définitive aux alentours du 16ème siècle. Son pavillon Mieido est inscrit sur la liste des Trésors Nationaux. L’ensemble quant à lui est au patrimoine mondial de l’Unesco.
L’adresse à ne pas manquer : Rengetsudyaya – À seulement 200 m des temples Shoren-in et Chion-in, dans une rue paisible, ce restaurant est spécialisé dans le tofu. Les menus du déjeuner et du dîner sont organisés autour d’une dizaine de plats que l’on vous sert successivement. Un pur régal !
Dernier temple au cœur de Gion : le temple Kennin-ji
Kennin-ji est le plus vieux temple zen du Japon, fondé en 1202 par le moine Eisai. Haut lieu de méditation, il accueille deux pavillons et trois jardins dont un superbe jardin sec. Plusieurs endroits ont été aménagés. De cette façon, le visiteur peut s’asseoir régulièrement et prendre la pleine mesure de la sérénité des lieux.
Notes d’expert : Si l’extérieur est superbe, nous vous conseillons de jeter un œil à l’intérieur. Les peintures murales soignées vont vous éblouir, tout comme l’imposant plafond composé d’une fresque de dragon, réalisée en 2002 selon les techniques ancestrales, et mesurant 15 m sur 12. Tout simplement fabuleux !
Bonus gourmand dans le quartier de Gion : les yatsuhashi
Spécialités de Kyoto, les yatsuhashi sont les confiseries qui accompagnent à merveille le thé matcha. Il s’agit d’une pâte à base de sucre, de farine de riz et de cannelle, qui se mange crue (souvent farcie de pâte de haricots rouges sucrée) ou cuite (et qui croustille et serait la préparation originelle.). On trouve aujourd’hui des yatsuhashi aromatisés au thé matcha bien sûr, mais aussi à la pêche, à la banane, à la fraise ou encore au chocolat.
Si vous ne deviez retenir qu’une seule adresse, ça serait celle-ci : Izutsu Yatsuhashi – Pourquoi cette boutique et pas une autre ? Tout simplement pour remonter à la source… aux origines des yatsuhashi. Car c’est dans cette confiserie, au cœur du quartier Gion, que furent inventés ces douceurs sucrées en 1805.
Higashiyama, image d’Épinal d’un Kyoto ancien
Lové aux pieds des collines de l’est de la ville, Higashiyama est un enchantement. Entre le sanctuaire Yasaka et le temple Kiyomizu-dera, les rues, pavées, se font plus étroites, les maisons plus basses et plus traditionnelles. Vous voici dans le Japon rural d’antan. Les lieux de culte cohabitent subtilement avec les cafés, les restaurants et les boutiques. C’est d’ailleurs dans cette partie de la ville que vous trouverez le plus de choix en Kiyomizu-yaki, la poterie originaire de Kyoto. Higashiyama est le genre de quartier que l’on aime à parcourir sans but précis, au gré des envies. On y trouvera, entre autres :
Incontournable d’Higashiyama, le temple de Kiyomizu-dera
Le grand temple de l’eau, consacré à la déesse Kannon, est l’une des merveilles de la ville. Classé au patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco, il fut construit en 778. Comme la plupart des temples au Japon, plusieurs incendies et catastrophes naturelles le détruisirent à plusieurs reprises. Les bâtiments actuels datent de 1633. Sur le site, vous pourrez également admirer la triple cascade sacrée, Otowa no Taki, ainsi que le sanctuaire shinto, Jishu-jinja, dédié à l’amour et aux rencontres. Un lieu à ne surtout pas manquer…
Le panorama parfait : De la grande terrasse en bois, vous jouirez d’une des plus belles vues de Kyoto. Splendide !
Higashiyama au détour des rues Sanneizaka, Nineizaka et Ishibei-koji
En quittant le temple, on rejoint en quelques minutes de marche la rue Sanneizaka et la rue Nineizaka. Il se dégage de ces deux ruelles en pente, parsemées d’escaliers, un charme fou. Les maisons basses traditionnelles qui les bordent accueillent des ryokans, des restaurants et bien entendu des boutiques d’artisanat. C’est depuis ces deux ruelles que l’on admire également la pagode du temple Hokan-ji, qui domine, du haut de ses 5 étages de bois, le quartier d’Higashiyama. À 500 m au nord de Nineizaka, ne manquez pas la jolie ruelle pavée Ishibei-koji. Les vieilles auberges japonaises que l’on y trouve permettent aux voyageurs assoiffés et affamés de s’y sustenter.
Conseil de l’expert : Vous l’aurez compris, vous ne serez pas seul à fouler les pavés de ces ruelles d’Higashiyama. N’hésitez pas à y revenir à la nuit tombée. La foule sera plus éparse et les lumières vous enchanteront.
Higashiyama depuis la colline Shogunzuka
Depuis le temple de Chion-in et le temple de Shore-in, dans le quartier de Gion, des sentiers de randonnées vous permettent de gravir, en une heure, la colline de Shogunzuka. À son sommet se trouve le temple Seiryu-den. Depuis sa superbe terrasse, vous bénéficiez d’un panorama à couper le souffle sur Kyoto. Niché à 220 m de haut, votre regard embrasse toute la ville mais également les forêts et collines alentours.
Le temple Kodai-ji
C’est pour honorer l’amour que Kita no Mandokoro portait à son mari Tokugawa Ieyasu qu’elle fit construire ce temple de la branche Rinzai, école du bouddhisme zen japonais, à la mort de ce dernier, en 1606. Initialement fait de bois et recouvert d’or, il fut entièrement reconstruit après l’incendie qui le ravagea en 1912. Aujourd’hui, bien que plus modeste, il se dégage de ce site d’Higashiyama une sérénité et un calme quasi-mystique. Tout autour, les jardins sont des modèles de paysagisme zen et raffiné. On se balade sur les chemins de bambous, on admire la statue de la déesse Kannon et on se laisse volontiers happé par la beauté calme des lieux…
Le musée national de Kyoto
Voici un musée d’une richesse exceptionnelle ! Plus de 6 000 pièces vous y attendent. On y découvre le patrimoine artistique et religieux de la ville mais également une très grande collection de peintures, de sculptures et de pièces archéologiques qui retrace bien l’évolution de la culture japonaise. Un des musées les plus intéressants d’Higashiyama et même de Kyoto.
Notes de l’expert : Pour une vision plus contemporaine de l’art japonais, n’hésitez pas à faire un tour au musée d’art moderne de Kyoto, appelé MOMAK. Ce dernier se situe au nord-est de la ville, facilement accessible en transport en commun.
Un ultime temple dans le quartier d’Higashiyama : le temple Sanjusangen-do
Un majestueux bâtiment en bois long de 120 m compose ce temple bouddhiste ! Souvent boudé par les voyageurs, ce temple, divisé en 33 intervalles, abrite pourtant l’un des trésors de la ville : la collection de 1 001 statues en bois laqué de la déesse Kannon, à taille humaine. Ces dernières sont gardées par 33 statues de bronze représentant 33 déités. L’effet est tout simplement sidérant. Impossible d’en ramener un cliché, puisque les photographies sont rigoureusement interdites. Grisant !
L’adresse du coin à ne pas manquer : Il ne vous faudra que 10 minutes à pied depuis le temple pour atteindre le restaurant Ganchi. C’est ici, parole de kyotoïte, que l’on mange le meilleur tonkatsu (porc pané) de toute la ville. En dehors des circuits touristiques, cette petite adresse familiale est un havre d’authenticité et d’accueil. Ici, on ne parle pas bien anglais mais on sourit.
Crédit photo : 663highland